: District Autonome ABIDJAN

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L´HISTORIQUE

L’ORIGINE DU NOM ´´ABIDJAN´´

 

L’origine du nom de la ville se prête à différentes interprétations. La légende raconte qu’un jour, une femme qui coupait des feuilles d’arbre rencontra des colons cherchant leur chemin. Ces derniers lui demandèrent alors le nom du lieu où ils se trouvaient. Ne comprenant pas leur langue, la femme crut qu’ils voulaient savoir ce qu’elle faisait là. Elle répondit simplement « Min-tchan m’bidjan », ce qui signifie, en Ebrié, « je coupe des feuilles ». Les Européens ne comprirent pas et pensèrent que la femme avait répondu à leur question : ils retinrent donc le mot «  abidjan ».

Le mot « Abidjan » doit vraisemblablement son origine au nom du peuple qui occupait les lieux : les Bidjans. Le préfixe « a » est utilisé pour indiquer l’appartenance au lieu : « Abidjan » signifie donc « le pays des Bidjans ».
 

LE PEUPLEMENT
 
Les premiers occupants des berges de la lagune, qui formeront la future Abidjan, sont difficilement identifiables. Néanmoins, les archéologues datent les plus anciens vestiges d’habitations de -10 000 à -15 000 ans avant Jésus-Christ. Puis, c’est la tradition orale des ethnies qui nous renseigne sur l’histoire des Abidjanais.
Les premiers peuples connus à s’être installés autour de la lagune sont les Tchassas et les Blékégonins. On ne possède que peu d’informations à leur sujet pour la simple raison qu’ils sont éteints aujourd’hui : les Tchassas auraient succombé à une maladie inconnue et les occupants suivants les Bidjans.
 

LES BIDJANS
 
Les Bidjans, peuples issus de l’ethnie des Tchamans (ou Ebriés), font partis des premières populations à avoir occupé les lieux de la future ville d’Abidjan. « Tchaman » le nom que s’attribue le peuple, signifie « peuple élu ». Aujourd’hui, il est davantage désigné sous l’appellation « Ebrié ». Les Tchamans sont divisés en groupes ou fratries, appelés les « goto », qui forment 63 villages dispersés autour de la lagune.
 
La future ville d’Abidjan s’est étendue suivant leur emplacement. Leurs noms sont les Bidjans, les Bobos, les Diepos, les Niangons, les Kwés et les Nonkwas. Le goto des Bidjans se scindera pour former les Bidjans et les Yopougons, et ces derniers donneront leur nom à l’une des communes actuelles du District. A son tour, le goto des Bobos deviendra les Songons et les Badjins. Un dixième groupe, les Bias, sera ensuite assimilé aux Tchamans.
A l’origine, les Bidjans sont un peuple de chasseurs. La tradition orale rapportée dans l’œuvre d’Henriette Diabaté et Henri Kodjo, Notre Abidjan, raconte, qu’un jour, deux hommes s’étant aventurés loin du village, au bord de la lagune, rencontrèrent des pêcheurs qui leur offrirent du poisson. De retour de cette excursion, ils racontèrent leur aventure et les Bidjans décidèrent d’envoyer des volontaires en formation afin qu’ils apprennent l’art de la pêche pour approvisionner le village. Le peuple Bidjan s’installa ensuite définitivement sur les bords de la lagune.
 

L’ARRIVEE DES EUROPEENS
 
Les Portugais João de Santarèm et Pedro Escobar sont les premiers à établir une présence commerciale sur les côtes ivoiriennes, en 1470-1471. Ils sont les seuls Européens présents sur le territoire de l’actuel pays jusqu’au XVIème.
Les Hollandais se joignent à eux à la fin du XVIème, suivis par les Français et les Anglais au XVIIIème siècle. Les Français s’établissent en 1687 à Assinie, à 80 kilomètres à l’est d’Abidjan, et en repartent 23ans plus tard. Les relations commerciales se poursuivent néanmoins et, en 1843, les sites d’Assinie  et de Grand Bassam, situés sur le côte occidentale de l’actuelle Côte d’Ivoire, respectivement  Ã  80 et 40 kilomètres d’Abidjan, accueillent les premiers comptoirs français. Après la colonisation de l’Algérie en 1830, la France se donne pour ambition d’étendre sa domination en Afrique. Déjà présente majoritairement en Afrique occidentale, elle renfonce ainsi son contrôle sur le continent.
 

L’INSTALLATION DES FRANCAIS
 
En 1842, les Français signent un traité faisant de la région de Grand-Bassam un protectorat. Plus tard, ils s’installent définitivement sur le territoire. Le décret du 10 mars 1893 fonde la Côte d’Ivoire en tant que colonie française autonome. Les colons de la métropole choisissent en premier lieu pour capitale la ville de Grand-Bassam, située à quarante kilomètres à l’est d’Abidjan. Grâce à son ouverture sur la mer, elle est une porte d’entrée sur le territoire et le point d’ancrage des échanges commerciaux du pays avec la France. Cependant, son statut de capitale intérimaire prendra fin au bout de six ans en 1899.
 
La France recherche alors une nouvelle capitale. Le site d’Abidjan, à l’emplacement actuel du District, qui avait déjà retenu les faveurs d’une équipe à la recherche d’un nouveau port, remporte les suffrages. Dans l’attente de doter la future capitale des infrastructures adéquates, le chef-lieu provisoire est installé à Bingerville, nommée ainsi en hommage à Gustave Binger, premier gouverneur de la colonie en Côte d’Ivoire. La transition est assez complexe : « la colonie connaissait une situation étrange ; elle disposait de trois capitales : Grand-Bassam, capital économique, Abidjan, futur chef-lieu, et Bingerville, capitale intérimaire ».
 
La construction du port d’Abidjan reste la condition sine qua non du transfert de la capitale. Les travaux sont retardés par les conditions climatiques et géologiques du site : l’ensablement continuel perturbe fortement la bonne marche du projet. L’aménagement d’Abidjan est sans cesse repoussé, redonnant à Bingerville, capitale provisoire, et Grand-Bassam, détrônée, une raison de croire à leur retour en grâce.
 

LA TROISIEME CAPITALE DE LA COTE D’IVOIRE
 
Future capitale prépare des atouts.
Dès 1903, sont construits, sur le site du quartier du Plateau d’Abidjan, les services des Douanes, la Poste, le Télégramme et le Téléphone. Puis, l’Armée et l’Eglise Catholique s’installent. La construction d’une zone destinée à recevoir les entreprises commerciales débute sur le Plateau. Les populations locales sont déplacées et leurs habitations rasées. Vers 1935, la ville d’Abidjan s’étend sur tout l’espace compris entre la baie du Banco et celle de Cocody. Les Tchamans se sont retranchés à Adjamé et Anoumabo et dans d’autres zones concédées par l’administration coloniale.
 
Après un arrêt du développement de la ville causé par les difficultés de construction du port et du canal, l’essor reprend grâce à la décision du Conseil de Gouvernement de l’AOF (Afrique Occidentale Française) du 28 novembre 1920, qui officialise le projet de faire d’Abidjan le chef-lieu de la colonie. La construction du wharf de Port-Bouët s’achève en 1927. Il est relié au chemin de fer en 1931. La finalisation de ce dernier projet représente une étape importante de l’accession d’Abidjan au rang de capitale. La ville se dote de son premier plan urbain en 1928. Il trace les rues des quartiers d’Anoumabo, aujourd’hui Treichville, du Plateau et de Cocody.
 

ABIDJAN CAPITALE
 
Après Grand-Bassam et Bingerville, Abidjan devient officiellement le chef-lieu de la colonie, le 1er juillet 1934, par décret du 18 août 1933. Grâce à la construction du port et du whart à Port-Bouët, Abidjan qui compte alors 22 000 habitants, est déjà la capitale économique du pays. Le Pont Houphouët-Boigny, qui relie Treichville au quartier du Plateau, est ouverte en 1957.
L’ouverture au trafic du canal de Vridi et du port, en 1950 et 1951, conforte ce positionnement. La zone portuaire nécessite une main-d’œuvre nombreuse pour assurer ses activités économiques. Il faut donc prévoir de nouveaux espaces pour loger les ouvriers et également pour procéder à l’assainissement de Treichville, mené en 1953.
 

LA CONSTRUCTION DU CANAL DE VRIDI : UNE EPOPEE
 
En 1903, la construction d’un canal reliant Abidjan à Vridi, soit la lagune Ebrié à l’océan Atlantique, débute. Le chantier était rendu difficile par ce que les ingénieurs avaient appelé« le trou sans fond », qui aspirait le sable. Il s’avéra que ce phénomène géologique fit l’effet inverse : il rejeta toujours plus de sable, rendant impossible la poursuite du creusement du canal. En 1905, eut lieu l’effondrement de tout ce qui avait été construit durant deux ans.
 
On trouva une alternative au projet initial : Construire un canal entre la lagune Ebrié et l’océan pour les bateaux à forte contenance. La construction commença en 1912, mais fut bientôt freinée par la première Guerre mondiale, puis paralysée par la farouche opposition des commerçants au projet.
 
Paallèlement, les études autour de Vridi se poursuivent, la difficulté étant d’éviter le « trou sans fond » en 1919, deux ingénieurs présentent une nouvelle solution : relier Vridi à Abidjan par un canal construit loin du « trou sans fond » et édifier le port dans la baie du Banco. Cependant, tous les projets de construction sont abandonnés en 1923 par décision du Gouverneur Antonetti et de l’Inspecteur général Ficatier.
 
En 1927, l’entreprise Schneider-Daydé est chargée d’étudier le projet. Dans son rapport, elle propose l’édifice d’un canal de 150 mètre de large, à l’endroit où le cordon littoral se rétrécit, loin du « trou sans frond ».
La solution finale fut trouvée par Roger Pernlad-Considère, qui suggéra de construire le canal 3 kilomètre à l’est de l’emplacement proposé par les études de Michel et Noël et de Schneider-Daydé. Son projet fut testé dans un laboratoire hollandais, puis adopté officiellement le 17 décembre 1935. Le canal serait d’une largeur de 200 à 370  mètres d’une longueur de 2,7 kilomètres et d’une profondeur de 11 à 15 mètres.
 
La construction débutera enfin en 1936, menée par l’entreprise de Construction du Port d’Abidjan (CPA) qui regroupait plusieurs sociétés. Après une interruption causée par la Seconde Guerre mondiale, les travaux reprirent et le canal fut ouvert le 23 juillet 1950, et le port le 1er janvier 1951. Il s’agissait du premier canal en eau profonde de toute l’Afrique d’après : « Notre Abidjan » d’Henriette Diabaté et Léonard Kodjo, édition Ivoire Média, 1991.
 
Abidjan a ensuite fait l’objet d’importants plans d’urbanisme. L’enjeu était en effet, à cette époque, de prendre en compte les besoins des Africains et pas seulement ceux des colons. En effet, l’inégalité était grande entre le confort des quartiers résidentiels des Français et les zones d’habitations des travailleurs ivoiriens. Pour remédier à cela, la France crée un Comité de l’urbanisme et de l’habitation des territoires de l’Outre-mer, qui prône le droit à un logement décent pour tous. Dans ce cadre, deux grands projets d’urbanisme voient le jour : le plan Badani et le plan SETAP.
 
Le plan Badani, mis en application à partir de 1952, prévoit le développement de la ville afin qu’elle devienne une grande agglomération portuaire. Le projet vise à étendre les espaces d’habitation dans les quartiers de Marcory, Treichville, Adjamé et Cocody, et à élaborer de grandes zones industrielles à Petit-Bassam, Vridi et sur la rive ouest de la baie du Banco.
Le plan SETAP est approuvé en 1960 et vise à structurer l’agglomération qui se développe. Il prévoit l’extension de la ville selon un schéma est-ouest le long de la lagune Ebrié et non plus selon un schéma nord-sud. Il préconise également l’arrêt de l’occupation des zones insalubres et inondables de petit-Bassam ainsi que l’extension des secteurs dédiés à l’habitation dans les quartiers du Banco, de Cocody et de la Riviera. Il vise enfin à la restructuration du Plateau en centre des affaires d’Abidjan, par la construction d’un axe de quatre kilomètres de long. Le plan est rapidement rendu obsolète par l’ampleur du développement de la ville, notamment avec la construction de zones d’habitation spontanées au nord d’Abidjan et d’Abobo.
 
A l’aube de l’indépendance, la ville connaît un formidable essor économique. La construction du port et du canal de Vridi, avec l’ouverture du pont Houphouët-Boigny et l’inauguration des 1 152 kilomètres de voies de chemins de fer jusqu’à Ouagadougou, donnent un nouvel élan au développement d’Abidjan. La ville devient le lieu d’échanges privilégié entre l’Afrique de l’ouest et l’Europe, tandis que le port connaît une fréquentation en perpétuelle croissance. Abidjan attire de nombreuses maisons de commerce, qui y installent leur siège (CEAO, CFI, etc.). La ville est devenue une véritable agglomération.
 

LA « PERLE DES LAGUNES » LES ANNEES FASTES
 
« Pour les poètes, Abidjan est avant tout la «Perle des Lagunes », de ces lagunes qui poussent leurs baies profondes en dentelles jusqu’au cÅ“ur de la forêt, à plus de trente kilomètres des blancs rouleaux de la barre. Ces lacs immenses, aux rives se perdant sous l’échevellement des palétuviers, sont sillonnés de fragiles pirogues de pêcheurs lancent leurs filets, de leurs cargos transportant du minerai, de petits bateaux à moteur chargés de passagers allant d’un village à l’autre, cachés sous les bananiers géants, les cocotiers aux larges feuilles bruissantes et les manguiers aux branches ployant sous le poids des fruits dorés. » L’indépendance de la côte d’Ivoire est proclamée le 7 août 1960 et marque le début des fonctions de Félix Houphouët –Boigny en tant que Président de la République. Il sera le Chef de l’Etat jusqu’en 1993. Abidjan devient donc capital de la République de Côte d’Ivoire et la vitrine du tout nouveau pays. La ville, désignée alors sous le nom de « Perle des Lagunes » entre dans une période faste, dynamisée par ce que l’on appelle le « miracle ivoirien Â».